ALEXANDRA PALT 

Aujourd’hui, il ne faut plus parler de performance « extra-financière ». La performance sociale et environnementale n’est pas un « plus », un « à côté », elle doit être traitée comme l’égal de la performance financière. Nous savons qu’aucune entreprise ne pourra réussir dans une société déstabilisée sur le plan social ou environnemental. Le coût de l’inaction sera bien supérieur au coût de l’action.

CHRISTOPHE BABULE 

Pour L’Oréal, la création de valeur conjugue performance économique et performance environnementale et sociale. Cette exigence est au cœur de notre objectif de création de valeur. C’est une ligne directrice qui guide nos actions au quotidien. Et c’est pourquoi nous en parlons à deux voix, Alexandra et moi. 

Quels sont les leviers stratégiques pour créer de la valeur ?

CHRISTOPHE BABULE

Tout d’abord nos marques, mais au-delà la data, les plateformes de services et le e-commerce, la technologie, sont autant de sources de croissance au cœur de la stratégie de L’Oréal qui permettront de créer de la valeur demain. Il y en a d’autres, mais notre exigence est que ces sources de croissance soient compatibles avec nos ambitions en matière de développement durable et permettent de conjuguer rentabilité et durabilité.

ALEXANDRA PALT 

Avec L’Oréal pour le Futur, nous nous sommes fixés des objectifs très ambitieux à horizon 2030, pour que nos activités soient compatibles avec les limites planétaires. Aujourd’hui nous poursuivons notre transformation afin de proposer des produits toujours plus responsables à nos consommateurs, à même de répondre, d’une part aux besoins de beauté, mais aussi aux besoins du futur, en prenant le virage des Green Sciences, en concevant des emballages plus durables. Grâce à l'innovation et à la collaboration, notre objectif est de faire « plus » avec « moins ».

CHRISTOPHE BABULE

Pour réussir, il nous faut aussi associer toutes nos parties prenantes à nos efforts. L’objectif est que la valeur créée profite à l’ensemble de notre écosystème : nos fournisseurs, partenaires, collaborateurs, consommateurs, investisseurs, actionnaires et bien sûr, la planète. 

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Sur le plan environnemental, de quelles initiatives êtes-vous les plus fiers en 2021 ?

ALEXANDRA PALT 

L’Oréal pour le Futur est entré dans une première année opérationnelle avec la mise en place d’outils, de projets, d’équipes dans tous les pays, toutes les marques, partout dans le monde. En plus de cette mise en place opérationnelle, il y a aussi beaucoup de résultats concrets que nous pouvons déjà démontrer.

Un premier exemple concret de ce que nous avons réussi à faire en 2021, est l’atteinte de la neutralité carbone pour les 25 sites de notre filiale américaine, notre plus grande filiale dans le monde.

CHRISTOPHE BABULE

La démarche d’investissement à impact que nous avons initiée dans le cadre du programme L’Oréal pour le Futur. En 2021, nous avons réalisé les premiers investissements du Fonds L’Oréal pour la Régénération de la Nature : c’est là une parfaite illustration de la finance durable, c’est-à-dire la capacité à combiner la création de valeur financière, et la création de valeur environnementale et sociale.

ALEXANDRA PALT 

Nous avons également bien progressé sur notre objectif d’introduire des matériaux recyclés dans nos packagings et de promouvoir des innovations comme, le recyclage enzymatique qui nous a permis de lancer un premier flacon issu de ce recyclage en 2021.

Nous avons pour objectif d’atteindre 100% de plastiques recyclés dans nos packagings en 2030. Nous avons également progressé sur la coopération dans le cadre d’un consortium avec d’autres entreprises de l’industrie. Nous nous sommes réunis afin de développer et élaborer une méthodologie scientifique qui permet de calculer l’empreinte environnementale d’un produit et de communiquer cette information au consommateur.

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Et sur le plan social ?

CHRISTOPHE BABULE

Dans le cadre de la coalition Business for Inclusive Growth (B4IG), aux côtés de l'OCDE et d’autres grandes entreprises, nous avons adopté une déclaration appelant à l’action sur le salaire décent et renforçant la dimension sociale du développement durable.

ALEXANDRA PALT 

Un an après la mise en place du Fonds pour les Femmes, qui a comme objectif de soutenir les femmes victimes de la crise de la Covid-19 et de ses conséquences, nous avons pu soutenir plus de 100 organisations dans une trentaine pays, venant en aide à près d’un demi-million de femmes en 2021.

CHRISTOPHE BABULE

Ces efforts continuent d’être reconnus par des organisations internationales indépendantes, comme le CDP, qui nous a attribué en 2021 un triple A pour la 6e année consécutive.

Et nous avons aussi été inclus dans les classements ESG des agences de notation S&P Global et FTSE4Good. 

Trois mots-clés pour créer de la valeur durable ?

ALEXANDRA PALT 

Je pense que pour atteindre les objectifs en termes de développement durable il faut une vision qui donne envie mais qui soit aussi très ambitieuse, parce qu’il faut inventer un autre modèle économique, un autre avenir. Pour faire cela, il faut beaucoup de courage, c’est le deuxième mot qui me vient à l’esprit, car il faut toujours penser différemment. Et troisièmement, je pense que la coopération est la clé pour répondre aux enjeux du 21^e siècle, le changement climatique, la perte de la biodiversité, les changements sociaux… Nous devons être nombreux à y répondre.

CHRISTOPHE BABULE

La clé, je la citerai en trois mots, d’abord le mot « oser », car il faut repenser l’avenir, redessiner le futur. « Innover », car les solutions de demain ne sont plus les solutions d’hier. Et enfin « coopérer », parce que c’est un objectif que nous pourrons résoudre avec l’ensemble des métiers mais aussi avec les partenaires extérieurs, qu’ils soient publics ou privés. Et tout cela bien sûr dans le respect de nos principes éthiques.